Préparation au sacrement de Réconciliation
Aujourd’hui, tout le monde, ou presque, veut la paix. Nous voulons la paix de l’esprit, la paix du cœur, la paix dans nos familles, la paix dans le monde. En effet, la paix, l’équilibre, l’ordre sont indispensables pour la croissance, la prospérité. Un jardin ne peut pas fructifier dans un cyclone. Le coeur de l’homme, les familles ou les sociétés humaines ne peuvent pas davantage s’épanouir dans des conflits violents.
Mais un désir naturel de paix ne suffit pas pour établir une vraie paix, une paix durable, que ce soit dans nos cœurs, dans nos familles ou dans le monde. Seul le Christ peut apporter la vraie paix. Lui seul peut venir à bout de toutes les divisions, des antagonismes, des blessures qui sont la terre nourricière des conflits.
Alors il est surprenant qu’après tant d’années à entendre parler de miséricorde divine, source de paix, nous soyons encore si peu enclins à venir en profiter à travers le sacrement de réconciliation…
Est-ce parce que nous ne pensons pas que nous pouvons trouver la paix et la joie en vivant ce sacrement ?
Peut-être parce que nous avons oublié que le sacrement du pardon est un sacrement de guérison.
En effet, lorsque nous allons nous confesser, c’est pour être guéri, pour guérir notre âme, guérir notre cœur de ce que nous avons fait et qui ne va pas, pour permettre de retrouver la paix et la joie.
N’oublions pas que la paix est don de Dieu, et que cette paix a besoin de cœurs pour être reçue. Par conséquent, cela devrait être facile pour nous de venir recevoir cette paix. Or parfois nous avons peur ou nous préférons déclarer que nous n’avons pas besoin de pardon ou de paix et nous restons enfermés dans notre tristesse ou notre amertume.
Pourtant, c’est ce sacrement qui, à travers l’expérience de notre péché et du pardon de Dieu, vient guérir en nous l’orgueil et la révolte contre Dieu. En effet, le sacrement du pardon, comme l’indique son nom, est le moyen que Dieu nous a donné à travers Jésus pour recevoir le pardon de nos péchés commis après le baptême. Mais il est aussi et peut-être surtout, un moyen de guérison de la blessure du péché originel qui nous fait douter de Dieu, car la paix de Dieu reçue dans le sacrement est essentiellement un baume guérisseur, la parole du pardon de nos fautes, de notre péché.
Il est donc indispensable pour que cette paix soit efficace, que la confession soit un moment sincère de conversion, une occasion de faire la preuve de notre confiance dans la volonté de Dieu de pardonner ses enfants, de les relever et de les remettre dans le droit chemin pour suivre Jésus, et répondre ainsi à notre vocation baptismale de devenir des saints, en étant notamment des artisans de paix.
Le pardon de Dieu est donc, d’abord et avant tout Pour chacun de nous, une Bonne Nouvelle : Dieu nous dit que son amour est plus fort que tout, plus fort que nos ruptures, nos refus d’aimer, nos actes, nos pensées ou nos paroles qui blessent, jugent ou traitent, plus fort même que ce que nous n’arrivons pas à nous pardonner à nous-mêmes, ou à pardonner aux autres. Dieu fait toujours le premier pas parce qu’Il nous aime. N’oublions pas que ce n’est pas le péché qui est premier, c’est l’amour de Dieu. C’est l’amour de Dieu qui nous permet de voir notre péché. Jésus n’a pas cessé de nous faire découvrir le visage de l’amour de Dieu. C’est un Dieu qui pardonne à la femme adultère, à Zachée, au paralytique… Il redonne la vie, une vie pleine et entière, une vie relationnelle, spirituelle et même physique.
La confession est donc le moment où on dit à haute voix d’abord l’amour de Dieu puis ensuite ce que nous voulons qu’il nous pardonne. C’est parce que nous croyons que Dieu nous aime que nous lui demandons de nous pardonner nos péchés. Nous croyons que Dieu ne veut du bien et qu’il peut nous donner sa paye parce qu’il nous aime.
II est donc indispensable de souligner avec vigueur l’enjeu de ce sacrement, qui consiste moins à établir une sorte de «catalogue» de toutes nos erreurs, nos fautes, nos errements, nos péchés, que de nous mettre d’abord en présence de l’Amour de Dieu, qui nous est toujours offert. Bien sûr, il nous faut passer par l’aveu de notre faiblesse, mais il est primordial que notre démarche soit d’abord celle qui consiste à faire la vérité sur cet Amour indicible qui nous est donné sans compter. C’est en nous mettant en présence de cet Amour que nous pouvons découvrir nos limites et nos failles. C’est pour cela que le sacrement du pardon est celui «de la Miséricorde». Il faut nous placer sous le signe de la joie du retour à la maison du Père, comme nous y invite la parabole du fils prodigue.
Le pape saint Jean Paul Il à l’occasion de l’Année de la Miséricorde nous le rappelait : « Dans les paraboles de la miséricorde, Jésus révèle la nature de Dieu comme celle d’un Père qui ne s’avoue jamais vaincu jusqu’à ce qu’il ait absous le péché et vaincu le refus, par la compassion et la miséricorde. Nous connaissons ces paraboles, trois en particulier : celle de la brebis égarée, celle de la pièce de monnaie perdue, et celle du père et des deux fils (cf Lc 15, 1-32). Dans ces paraboles, Dieu est toujours présenté comme rempli de joie, surtout quand il pardonne. Nous y trouvons le noyau de l’Évangile et de notre foi, car la miséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit le coeur d’amour, et qui console en pardonnant. » Misericordiae Vultus 9
Si le pardon suggère le «don» par excellence de la grâce divine, il serait regrettable que nous nous dispensions de cette expérience régulière à venir «faire la paix» avec Dieu, entre nous et en nous.
L’unique voie de la paix est le pardon. Accepter et accorder le pardon rend possible une nouvelle qualité de rapports entre les hommes, interrompt la spirale de la haine et de la vengeance, et rompt les chaînes du mal autour du cœur des adversaires. Pour les nations à la recherche de la réconciliation et pour toutes les personnes qui désirent une coexistence pacifique entre les individus et entre les peuples, il n’y a pas d’autre voie que celle-ci : le pardon reçu et offert. » St Jean-Paul Il. Accueillir la paix de Dieu, c’est donc reconnaître le caractère destructif de certains de nos actes afin de pouvoir recevoir la guérison.
C’est seulement si nous nous laissons réconcilier dans le Seigneur Jésus avec le Père et avec nos frères que nous pouvons être vraiment dans la paix. Quand nous recevons le pardon du Seigneur, nous sommes en paix, avec cette paix de l’âme qui est si belle et que Lui seul peut donner.
Alors nous pouvons construire la paix, car celui qui s’engage en faveur de la paix doit commencer par la construire en lui-même. Il n’est pas possible d’être un artisan de paix si, en moi-même, je ne suis pas en paix. Et le premier ennemi de la paix, c’est le péché ; le péché qui fait que je n’aime pas l’autre, qui fait que je veux écraser l’autre ; que je ne le respecte pas ! Le péché abîme la relation avec Dieu et avec les autres ; il engendre le mal et la souffrance. Et là, seul le Christ peut libérer du péché ; des appétits de pouvoir et de puissance. Etre artisan de paix, cela commence donc d’abord en moi pour ensuite grandir autour de moi.
Nous voulons tous la paix, pour nous-mêmes, pour nos familles, pour le monde. Maintenant nous savons comment nous pouvons l’obtenir : en demandant la grâce du pardon et par conséquent en nous rapprochant du Christ.
Vous le voyez, nous n’en finissions pas d’explorer les richesses que nous avons reçu avec notre baptême. La célébration de la réconciliation et de la pénitence, ainsi que celle de l’onction des malades, nous rappelle que sur notre route, le Seigneur ne cesse de venir à notre rencontre pour nous affermir, nous encourager, nous soutenir et même, le cas échéant, nous relever pour que nous soyons de véritables artisans de paix. En célébrant ces sacrements, nous participons au Mystère pascal, qui est le signe de ce «relèvement» auquel nous sommes appelés pour la vie éternelle. Alors n’ayons pas peur de la confession !
Père Pierre Marminat, Délégation LCE 03, recteur du sanctuaire de la Paix à Souvigny
Sacrement des malades
Homélie : Mgr Jean-Christophe Lagleize, évêque de Metz
Chers amis, notre journée nous fait vérifier cette conviction « Quand le Seigneur passe, nous sommes tous concernés ».
Mes amis, que nous sommes beaux en cette basilique Saint Pie X. Heureux de savoir que le Seigneur passe, qu’il vient dans sa Parole, son sacrement de l’onction des malades, dans l’Eucharistie.
Cet après-midi, nous sommes comme ces foules rassemblées autour de Jésus, dans lesquelles étaient de nombreux malades ou infirmes, comme nous le relatent les évangiles. Mes amis, que ce soit dans les évangiles, le rappel des activités de guérison de Jésus en bien des villes ou villages où il passait. Que ce soit dans la vie de Sainte Bernadette découvrant ici à Lourdes la Source où se produisent les guérisons ou dans son emploi à l’infirmerie de la maison mère à Nevers. Que ce soit ici à Lourdes, dans cette basilique, où nous allons dans quelques instants poursuivre cette célébration avec l’onction des malades, et je sais que beaucoup d’entre vous attendent depuis un certain temps et recevront avec grande joie et espérance ce sacrement.
Quelque soit le lieu, quelle que soit l’époque, un indivisible nous rassemble. Celui de rendre visible la tendresse et la force de Dieu. Une tentation, et les forces rappelant comme l’exprime Saint Jean dans son Evangile, que Jésus est venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. Il n’est d’ailleurs pas anodin au terme de la liturgie de l’onction des malades que l’on conclue en disant cette belle formule « désormais la force de Dieu agit dans votre faiblesse ».
Mes amis, Jésus qui soigne notre cœur et notre corps, et ainsi dit « la force de la présence mystérieuse de Dieu, son père et notre Père ». Une présence mystérieuse devenant pour nous et en nous, source de vie et de douceur. Qu’il est beau dans notre langue, ce verbe « soigner ». Je l’emploie volontiers en cette célébration car ce verbe retrace ce que Jésus exprimait dans la multiplicité de ses rencontres. Comme il le dit en son temps avec Bernadette « prendre soin, soigner, c’est vouloir signifier cette attention portée aux autres. Une écoute patiente de leurs besoins, de leurs désirs. C’est concéder un geste, un regard de tendresse ».
Soigner, mes amis, c’est partager une lumière capable de remettre en marche, de sortir de la torpeur, d’aider à avancer sereinement dans la confiance en Jésus qui nous accompagne. Cette confiance en Jésus, Bernadette l’exprimait ainsi en 1874 : « Jésus seul pour but, Jésus, seul pour maître, Jésus seul pour modèle, Jésus seul pour vie, Jésus seul pour joie, Jésus seul pour richesse, Jésus seul pour ami. »
Mes amis, les yeux serrés et le cœur fixé sur Jésus, présent parmi nous et qui passe au milieu de nous. Nous sommes là présents, comme les serviteurs du soin que Dieu prodigue à chacun. Nous sommes là, serviteurs du soin venant de Dieu, rejoignant notre humanité abîmée, mais avide de bonté, et de la fraîcheur de la grâce de Dieu.
Frères et sœurs, l’onction des malades, l’Eucharistie se présentent à nous comme une nourriture, une force pour notre vie confiante en Dieu qui soigne et qui guérit. Non pas comme un magicien qui d’un coup de baguette magique ferait que tout irait mieux. Non, la guérison que Dieu notre Père veut nous accorder est beaucoup plus subtile ; elle est le signe que le cœur de chacun est travaillé par une grâce. Et cette grâce qui vient naître de la mort et de la résurrection de Jésus. Une grâce qui apporte à notre cœur, comme à notre corps, les bienfaits dont il besoin au moment où il le faut. Besoin ici et maintenant pour traverser dans la confiance notre histoire personnelle et communautaire tout en la fortifiant.
Chers amis, forts de cette foi, préparons-nous dans la JOIE à célébrer l’onction des malades et de l’Eucharistie, sacrements, signe de la présence de Dieu, du Seigneur qui passe parmi nous. Et son passage, sa présence, ne concernent pas que quelques-uns mais nous concerne tous. Amen.