Depuis 1858, le flot de la foule est incessant, que venons-nous donc chercher en ce lieu ? Question à laquelle il n’existe aucune réponse collective, la réponse est personnelle : nous avons chacun une ou plusieurs raisons de venir en pèlerin pour que Marie exauce notre prière. Chacun porte sa croix, chacun sa maladie : physique, morale, spirituelle. Nous venons à la Grotte pour être soulagé de notre ou de nos fardeaux parfois si lourds. Et Marie, en douceur, répond favorablement à notre supplique.
Mais, pour cela, il nous faut le déposer aux pieds de Notre Mère. Notre Mère du Ciel “qui sourit et pardonne”, comme je le chantais avec ma grand-mère…
Marie dit à Bernadette : “Allez à la fontaine” ! L’eau était boueuse mais petit à petit devenait limpide. Quelle image ! Quel symbole ! Nous, pauvres êtres limités, avons la possibilité de devenir transparents. Le poids de notre maladie spirituelle s’allège avec Marie. Qui refuserait d’être soulagé de ses souffrances surtout les plus intimes ?
Autre aspect du pèlerinage, à Lourdes, nous retrouvons une famille. Qu’importent niveaux sociaux, métiers et professions, nous sommes rassemblés, unis par un lien très fort, invisible et tellement présent. Les barrières reculent et souvent se lèvent. Nous nous rencontrons pour aller vers une même destination, vers la même Patrie, celle du Ciel, éternelle et inaltérable. Là où tous les affligés trouveront réconfort. Là où toutes les questions trouveront réponse.
Il était beau. J’ai demandé, en anglais, à sa mère, la permission d’embrasser son fils. Permission qui me fut accordée. Quel beau sourire ! J’ai tellement aimé James à ce moment là ! Lui aussi était à Lourdes, après un si long voyage ! James portait sa Croix, il était trisomique. Marie ouvre le ciel en grand pour accueillir tous ces enfants dont on retire la vie dans le sein de leur mère !!
Lourdes, notre ville si chère, en dépit de tes marchands du Temple, nous t’aimons et tu nous attires malgré nous. C’est là le miracle, avoir envie de revenir. Comme je le dis souvent, je vais à Lourdes comme une “bête” : je vais à l’abreuvoir, cette eau qui purifie, qui donne des forces…nous avançons toujours malgré les chutes inévitables.
Bernard Apostolidès