Pour le lecteur régulier de “ Message “, le sanctuaire de Lourdes reste une des références essentielles de la foi chrétienne et de la dévotion à la Vierge Marie.
On y associe souvent Fatima et les rares lieux d’apparition reconnus par l’Eglise.
Mais on oublie l’importance de Sa présence et de Son rayonnement dans des pays lointains et méconnus comme l’Ethiopie, où un récent voyage nous a permis de constater, dans ce pays extrêmement pauvre, la place que la Chrétienté occupe encore de nos jours.
Car l’Ethiopie, et on ne le sait pas assez, est un pays chrétien où 50% de la population est de rite chrétien orthodoxe (la religion musulmane représentant 40% de la population).
C’est en 330 après Jésus Christ que le souverain axoumite Ezana se convertit au christianisme et que les premières églises virent le jour. Mais le véritable essor du christianisme se situe sous le règne de Lalibela, vers 1200 après Jésus Christ, avec la construction des extraordinaires églises souterraines que l’on peut contempler aujourd’hui. Creusées dans le roc, elles constituent un ensemble sans égal dans le monde chrétien ; on en compterait plus de 200, la plupart encore cachées dans les ravins des montagnes et des plateaux du Tigré, pour la plupart totalement inconnues.
Nulle part ailleurs il n’existe une telle concentration de monuments monolithes creusés au même endroit en un temps aussi court, moins de trente ans.
Dans les nombreuses églises de Lalibela et dans les sanctuaires
que nous avons pu visiter, “ Marie avec son fils bien-aimé ”, comme les Éthiopiens appellent l’image de la Vierge à l’Enfant, est présente sur des fresques miraculeusement conservées car épargnées par la pollution et le tourisme de masse (pour combien de temps encore ??).
Aujourd’hui, la Vierge Marie fait l’objet d’une vénération spéciale, on ne compte pas moins de 33 jours dans l’année qui lui sont spécialement dévolus.
Et il est un endroit qui touche particulièrement le pèlerin de Lourdes, c’est celui de la grotte de Nakutolab, perdue ” au milieu de nulle part ”, abritant une source qui depuis le 13e siècle est vénérée pour ses vertus miraculeuses et dont le Pope, gardien du sanctuaire, asperge généreusement les fidèles qui viennent y prier.
Étonnant pays que l’Éthiopie, qui reste un des seuls pays africains à avoir une histoire multimillénaire, sans avoir jamais été colonisée (à part les quelques années d’occupation italienne en 1934-1941), et demeurée pendant des siècles à l’abri des grandes influences extérieures : elle peut s’enorgueillir d’une culture unique et atypique en Afrique.
Prions la Vierge Marie pour qu’elle continue à veiller sur ce peuple à la foi chevillée au corps et dont tous les enfants portent autour du cou, malgré leur extrême pauvreté, la croix symbole de
l’art chrétien éthiopien.
Jérôme