Malgré les blocages
En cette période encore empreinte de la montée vers la Nativité, revenons sur le cœur de la méditation proposée par le Père Francis : l’actualité du message dans les récits de l’enfance, chez Luc et Matthieu.
Le songe de Joseph chez Matthieu « Prends l’enfant et sa mère et fuis en Egypte » nous rappelle une évidence : il y a des Hérode(s) toujours et partout… L’individualisme et le consumérisme étouffent l’Espérance, d’où le pessimisme qui nous habite. Nous pensons que notre époque est la pire de toutes et nous demandons pourquoi tant d’êtres bons sont privés de bonheur et d’avenir. Où Dieu est-il dans tous ces malheurs ?
Mais tout ce qui relève de Lui commence par être caché, Il ne s’imposera jamais ; c’est à nous de L’accueillir, de nous mettre en chemin dans l’obscurité. Nous qui sommes marqués par nos fragilités, plongeons-nous dans Sa miséricorde. La généalogie de Jésus chez Matthieu est éclairante à cet égard. Les 4 femmes, ascendantes de Jésus, marquées par le péché et la fragilité, montrent le projet singulier de Dieu : aucun passé honteux n’a empêché Jésus de s’incarner dans notre humanité. Nous sommes sauvés, aimés, choisis, rachetés, bénéficiaires de sa paix, objets de son amour. Toute nuit est traversée par une bonne nouvelle. « Paix à tous les hommes! », malgré les vicissitudes de ce monde. Faisons de notre cœur une crèche où Jésus peut naître chaque jour. Laissons-nous saisir par la démesure de son amour, par ce Dieu débordant de gratuité qui nous bouscule. Il ne s’agit pas de nous demander si c’est
permis ou interdit, mais si c’est fécond et source de vie.
Dès lors, il retrouve la parole. Jésus naît dans un terrain vague dans un faubourg de Bethléem. Qui va à sa rencontre ? Des bergers à la réputation douteuse ; Siméon et Anne, deux vieillards… On s’en moque. Renonçons à nos savoirs sur Dieu. Dans la Bible, les prêtres et les scribes sont sclérosés, paralysés.
Abandonnons nos jugements de valeur sur les autres, apprenons à lire ces signes, nouveaux, envoyés par Dieu au cœur-même de nos vies. Laissons-nous saisir par la Parole vivante qui nous précède toujours, et nous déplace, nous met en route. Les bergers veillent et voient l’Etoile ; Siméon « attendit » et vit : « Mes yeux ont vu le Salut que tu as préparé »… La parole de Dieu nous pousse à progresser, à avancer, au cœur de nos vies.
Reprenons ces textes en profondeur pour les laisser résonner au fond de notre cœur, et nous serons, dans la lumière de Noël, des messagers de la Bonne Nouvelle.
Martine Godet