Carême, chemin d’exode
Comment ne pas évoquer l’exode au temps de Moïse ? Celui-ci, élevé à la cour de Pharaon, solidaire de ses compatriotes hébreux soumis à l’esclavage et à la servitude, les fit sortir d’Egypte, la nuit de la pâque, traversant la mer Rouge, et les conduisant à travers le désert afin d’entrer dans la terre promise au-delà du Jourdain. La traversée du désert fut pénible car il est difficile d’accéder à la liberté et de devenir le peuple de l’Alliance. Beaucoup furent tentés de retourner en arrière. Il y eut des récriminations, des plaintes. Dieu dans sa sollicitude leur accorda la manne et fit jaillir l’eau du rocher. Il est dit dans la Lettre aux Hébreux (11,24-27) : «Grâce à la foi, Moïse renonça au titre de fils de la fille de pharaon. Choisissant d’être maltraité avec le peuple de Dieu, plutôt que de connaître la jouissance éphémère du péché. Il considéra l’humiliation du Christ plus grande que les trésors de l’Egypte : en effet il avait les yeux fixés sur la récompense ».
Philippiens exprime bien ce mystère : « Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu, mais au contraire il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur.
Devenu semblable aux hommes… il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au dessus de tout… » Phil.2,6-9.
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »,« Dieu seul tu adoreras .» Jésus ne sera pas un Messie puissant et dominateur, mais le serviteur, fidèle à son Père.
Ces textes éclairent le sens profond de notre Carême, que nous pouvons vivre sous la conduite de Dieu, comme une expérience spirituelle d’exode, de sortie de soi ; une traversée du désert pour être purifié, libéré de l’esclavage du péché, pour réorienter notre vie, se détourner des idoles du monde moderne, se nourrir de la parole de Dieu, du pain de vie, être abreuvé de l’eau de l’Esprit, recevoir le sacrement du pardon, les yeux fixés sur la croix du Christ, tendus vers sa résurrection et son entrée dans la gloire.
Cette libération nous ouvre à nos frères et nos sœurs en humanité. Le Pape François nous rappelle que l’Eglise doit sortir d’elle-même pour annoncer la bonne nouvelle. Elle a toujours la dynamique de l’exode et du don (La joie de l’évangile ch.I).
Le Carême est le temps de la compassion et de la proximité avec ceux qui vivent des situations d’exode (pays en guerre, famines, drames personnels, sociaux ou familiaux), souvent sans espérance.
Un appel : ne pas se dérober à son prochain.
Père Patrick Hollande, spiritain