Nous le savons bien, l’Annonciation se fête le 25 Mars, neuf mois exactement avant la fête de la Nativité. Il s’agit en effet pour l’Eglise de bien marquer que l’Incarnation du Fils de Dieu dans la chair humaine se fait dans le respect des cycles physiologiques de cette nature humaine. Pourtant en 2018 le calendrier liturgique se trouve bouleversé, et c’est en Avril, le 9 Avril exactement, que nous fêterons Marie dans son Annonciation. Il ne s’agit pas, bien évidemment, d’un changement « de fantaisie ». Mais l’Eglise, en 2018, célèbre la Pâque très précocement, en raison des règles qui lui sont propres depuis longtemps, et de ce fait le Dimanche 25 Mars est aussi le Dimanche des Rameaux, suivi, une semaine après, par le Dimanche de Pâques. D’où il résulte que la célébration de l’Annonciation est reportée au 9 Avril 2018.
Pourquoi ne saisirions-nous pas l’occasion d’accueillir cette année d’une façon nouvelle notre rencontre avec Marie dans l’Annonciation et sa réception du message de l’ange, à cet instant où nous recevons avec elle cette immense espérance que constitue l’irruption gracieuse de la vie divine dans la nature humaine ? Dans le calendrier habituel, nos yeux se tournent tout naturellement vers cet instant où la Vierge Marie va mettre au monde l’enfant Jésus, le déposer dans la mangeoire et l’offrir à la louange des hommes, bergers et mages réunis. Que d’images illustrent cet instant unique de notre histoire ; images de douceur, de tendresse et de paix. Au point, peut-être, qu’il nous arrive d’en rester au registre sentimental : celui que procure un bébé dans les bras de sa maman qui est aussi notre maman du ciel.
Mais en 2018 la perspective est toute autre : la Pâque vient d’être célébrée et nous sommes encore dans le climat de la passion de Jésus, de sa crucifixion, de sa sépulture et, bien sûr, de sa résurrection.
Tout de notre espérance est désormais, en Jésus, totalement accompli, mais à quel prix ! En recevant avec Marie le message de l’ange, il nous appartient désormais d’entrer librement dans cet
accomplissement, en passant peut être avec Jésus dans ses étapes douloureuses. Délivrant à Marie son annonce, l’ange s’exprime ainsi : « Voici que tu vas concevoir dans ton sein ; tu enfanteras un fils que tu appelleras Jésus ». Comment, cette année, ne pas être tenté de substituer à ces mots d’autres mots prononcés par Jésus sur la croix : Femme, voici ton fils , auxquels s’ajoutent les mots adressés au disciple : Fils, voici ta mère.
Chacun de nous, dans cette nouvelle annonciation, ne se sent-il pas
appelé à recevoir, au sens le plus fort, la bienheureuse nouvelle de la
maternité de Marie, au sens le plus charnel du mot ? De son côté Marie est invitée à donner au Père, par la grâce de Jésus Christ et dans sa collaboration avec l’Esprit Saint, un enfant nouveau-né (qui entre dans une nouvelle naissance). La voici invitée, j’ose dire le mot, à accoucher d’un fils, d’une fille en qui le Père veut se complaire, comme merveille de sa création. L’homme, la femme, l’être encore à venir que nous sommes est pour sa part invité à se blottir au plus intime du sein de sa Mère, lui laissant la possibilité de préparer avec l’Esprit Saint cette naissance nouvelle et définitive que nous espérons.
En ce lieu privilégié où l’obscurité estompe les contours du monde corruptible, un monde qui passe, elle tisse, si nous nous confions à elle, le fils, la fille que Dieu attend. De son fils elle nous reçoit, pour tout donner au Père. Je suis, répondit Marie, la servante du Seigneur.
Alain GRZYBOWSKI, diacre