L’équipe d’animation de LCE 75, dans la tristesse mais l’Espérance, vous annonce que Marie-Andrée Thibaudet a rejoint le Père et la délégation du Ciel.
Tous se rappellent de Miette comme déléguée suppléante durant de nombreuses années, apportant une très forte contribution à la vie de LCE 75 tant par son investissement que par son rayonnement, tout particulièrement lors de nos pèlerinages annuels.
L’action de grâce et l’adieu à Marie-Andrée THIBAUDET, 10-11 mars 2017
Église Saint Christophe de Javel, Paris ; église de Saint Pierre Laval, Loire.
Lectures : 1 Jean 3,14-20 ; Psaume 26 ; Marc 1, 32-39.
Homélie de Mgr Laurent ULRICH
Le soir venu, dit le début de l’évangile que nous venons d’entendre. C’est une notation chronologique, et pas seulement : ce premier chapitre de St Marc est une sorte d’agenda de Jésus, une journée type. Nous voici rendus au soir : alors que chacun peut rentrer chez soi, Lui, Jésus, est encore sollicité. Lorsque le soir descend, les douleurs, les maladies, les peines et les mille démons qui rôdent dans la vie de l’homme peuvent être encore plus actifs ; on peut se sentir moins en sécurité. Notre journée à nous s’achève, nous oscillons entre le besoin de repos et l’angoisse de la nuit : Jésus est toujours là, disponible, accueillant, il ne renvoie personne. Il ne renvoie pas les malades, ni les captifs de toutes les addictions que notre société est capable de fabriquer pour entortiller et ensorceler. Et la ville entière se pressait à sa porte, dit l’évangéliste : c’est à dire vous et moi qui, sans être terriblement atteints d’infirmité, sommes pourtant susceptibles de fragilité d’un moment à l’autre.
C’est bien ce qui est arrivé à Marie Andrée notre sœur : elle si intrépide, jamais malade dans ses innombrables et lointains voyages, elle a fait cette expérience de la fragilité, de la maladie, celle qui vous rend peu à peu incapable, invalide. Elle qui a visité tant de malades, chez eux ou dans des hôpitaux parfois bien éloignés de chez elle : elle se perdait souvent à la croisée des rues, mais elle finissait par atteindre au but. Où trouvait-elle cette énergie ? On peut dire : de son désir d’aider, de rendre service, de se montrer fraternelle. On peut dire : de sa chaleur spontanée et fidèle. Je crois davantage : de la relation qu’elle entretenait avec son Seigneur, Jésus Christ, qu’elle priait, dont elle lisait et écoutait la parole. On peut dire qu’elle s’approchait de la porte de la maison où réside Jésus.
Et Jésus que fait-il ? Quand plus personne ne se présente à la porte, si c’est possible, il s’en va, bien avant l’aube, pour aller à la rencontre de son Père, dans un lieu désert. C’est là qu’il porte et apporte devant son Père, et notre Père, tout ce qu’il a reçu de ces rencontres, tout ce qu’il a vu et entendu de la vie des hommes que nous sommes.
Est-il à propos de parler des guérisons de toutes sortes de maladies en ce jour où nous entourons une sœur qui n’a pas été guérie du mal qui l’a mystérieusement emportée ? Je suis sûr que oui, parce que le Seigneur Jésus nous a donné la possibilité de vivre déjà comme des ressuscités ; il nous a dit qu’à travers la faiblesse, la fragilité, la maladie, nous pouvons déjà recevoir une vie transfigurée, une vie où l’on ne se laisse pas abattre, où l’on trouve la force qui nous fait frères et sœurs, qui nous rend capables de nous charger du fardeau des autres, sans désespérer.
Vous, amis de Lourdes cancer espérance, vous le vivez : nous nous rappelons le visage rayonnant qu’elle a montré, en septembre dernier, lorsqu’elle a reçu le sacrement des malades devant la basilique du Rosaire à Lourdes. Vous savez que dans la maladie, on peut se laisser habiter de cette présence du Seigneur qui apaise et fait franchir des étapes de dépouillement. Non que la peine et la révolte disparaissent à tout jamais, elles sont si compréhensibles. Mais l’énergie de l’amour porte à la vie et à la rencontre. Je sais que les visites et la prière partagée l’ont aidée à s’en remettre peu à peu à Celui qui est capable de nous accueillir parce qu’il nous aime depuis toujours. C’est déjà une puissance de résurrection qui habite par la foi au milieu de nous, au milieu de votre groupe si nombreux aujourd’hui dans cette église. Il faut en dire autant d’autres groupes fraternels, comme aussi celui des Petits Frères des Pauvres auprès de qui elle aimait passer la nuit de Noël depuis plus de vingt ans, sauf cette dernière année où les forces lui manquaient.
Mais voici que Jésus semble s’être absenté et que tout le monde le cherche, comme lui dira l’apôtre Pierre. C’est bien vrai que Jésus semble souvent absent de ce monde ; il est si discret, on peut passer à côté de Lui sans le voir qui prie pour nous. Et Lui de répondre : « allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » Je ne dirais certes pas que notre sœur se prenait pour Jésus annonçant l’évangile quand elle faisait de si beaux projets de voyage. Mais enfin qu’allait-elle chercher si loin en Amérique, d’est en ouest et du nord au sud, en Australie et en Nouvelle Zélande, de Brest à Vladivostok et tout autour du bassin méditerranéen ; et surtout en Inde qu’elle a tellement aimée, jusqu’à ce formidable périple il y a dix-huit mois, seule, de Bombay à Calcutta en passant par Bénarès, pour être au milieu d’un peuple si extraordinaire à ses yeux ? De chaque voyage elle rapportait non seulement des souvenirs, des photos pour sa mémoire, et de beaux objets qui traduisaient des cultures si variées, mais aussi et avant tout des liens qu’elle entretenait avec des personnes rencontrées sur le chemin.
C’est étonnant comme elle a appris, à ces contacts, à connaître le monde multiple des cultures, des modes de vie, et qu’elle se rendait alors compte que Dieu se réjouit de cette variété, qu’il parle aux hommes de multiples façons. Cela ne l’empêchait pas de rester clairement fidèle au Christ et à l’évangile qu’elle retrouvait dans les livrets mensuels et dans les églises rencontrées sur le trajet. Je me souviendrai longtemps de la dernière sortie que nous avons faite tous les deux, au lendemain du nouvel an, pour visiter l’exposition permanente de l’Agneau mystique des frères Van Eyck à la cathédrale Saint Bavon de Gand en Belgique. Nous sommes restés une heure au milieu de nombreuses allées et venues des visiteurs qui parfois cachaient le polyptyque, mais elle écoutait le commentaire de l’audio guide et s’approchait manifestement fascinée. Le Christ donnant sa vie pour tous, représentés par cette multitude colorée. On s’extasie devant la précision du trait et le foisonnement de la couleur, mais c’est sans oublier la force de la composition par laquelle est figurée l’humanité tout entière.
C’est la foi que nous exprimons ici : « allons ailleurs ». Ce pourrait être le cri d’une impatience, la manifestation d’une instabilité, ou l’insatisfaction blasée de celui qui a déjà tout vu. J’aime à penser plutôt que c’est une façon de vivre l’évangile de la rencontre des autres. Une façon de témoigner par l’exemple, et de révéler en qui tu avais mis ta confiance vraiment.
Je ne dresse pas un portrait sans ombre, ce n’est pas à moi à juger. Comme chacun de nous, tu auras eu tes faiblesses, tes insuffisances, tes blessures, ton amour propre, ton jugement parfois injuste sur les autres ; nous avons pu nous en offusquer, mais plus souvent encore en sourire : tout cela, en réalité, ne nous appartient pas.
Alors, nous te présentons avec confiance au Seigneur, avec nos regrets et notre peine de te voir t’en aller. Va avec assurance, auprès du Seigneur qui t’attend ; va et retrouve Bernard qui t’a précédé il y a déjà quatorze ans, retrouve tous les tiens, tous les nôtres et tous ceux que tu as approchés sur le chemin de ta vie : ils doivent être innombrables pour t’accueillir.
Voici, Marie Andrée, que tu es venue frapper à la porte du Seigneur, plus tôt que tu ne l’avais d’abord envisagé. Comme dit le psalmiste, Il t’offre maintenant d’habiter sa maison pour toujours, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et t’attacher à son temple.
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Texte lu par Odile Baudet
Très chère Miette, c’est à toi que j’adresse ces quelques mots, toi qui nous a toujours accueillis au sein de la délégation.
Thibaudet/Baudet noms très proches qui faisaient que nombre de nos adhérents nous confondaient : nos bonnes joues rouges à toutes les deux ne facilitaient pas les choses.
Je voudrais, au nom de tous tes amis de Lourdes Cancer Esperance te dire « A Dieu et Merci », Te remercier pour toutes ces années où, sans compter tu t’es consacrée à notre grande famille.
Tu étais le lien entre de nombreuses personnes. Tu prenais en charge outre leurs soucis liés à la maladie, tout ce qui pouvait rendre leur existence plus courageuse, les incitant à participer à nos activités afin de moins ressentir le poids de la solitude.
Avec l’efficacité que nous te connaissions, tu avais accepté lacharge de déléguée suppléante de notre délégation. A ce titre, tu nous a rendu des services immenses. Sous ta houlette bienveillante, souriante, aimante et généreuse tu nous entraînais, rencontre après rencontre sur ce chemin de Lourdes pour notre pèlerinage annuel auprès de la Vierge Marie que tu aimais tant.
Tu as été la première, avec Agnès Lefèvre, a initier le fichier informatique de nos adhérents.
L’expédition de notre journal MESSAGE te permettait de prier pour chacun et sa mise sous enveloppe te donnait l’occasion de nous faire découvrir le monde grâce à tes nombreux voyages et encore récemment les Indes où les gens « locaux » s’étonnaient que tu voyages seule, sac au dos, avec ces magnifiques cheveux blancs qui contrastaient avec les cheveux teints des dames de ton âge !
Et puis, je voudrais évoquer ici tes fidèles amies, dont beaucoupnous arrivaient du continent africain. Tu les connaissais toutes, tu les aimais, tu les reconnaissais. Personnellement je devais me reporter à notre trombinoscope pour savoir qui était Adèle, Alice, Eleonore, Elisabeth, Louise ou encore Nicole, particulièrement lorsqu’elles revêtaient leurs superbes « boubous ».
A Lourdes, tu aimais tout et, ensemble, nous avons vécu de superbes moments tout particulièrement le sacrement de l’onction des malades.
Ces derniers mois, alors que la maladie t’a retrouvée, tu nous as montré ton courage face aux traitements éprouvants, ta reconnaissance pour le corps médical. Tu avais toujours un mot délicat et gentil pour tous ceux qui t’ont accompagnée.
Alors ce que nous sommes venu te dire ici aujourd’hui Miette c’est Merci ! Merci d’avoir été avec nous pendant tant d’années. Nous savons que tu n’es pas loin, : « juste de l’autre côté du chemin » comme le dit Péguy et nous souhaitons t’accompagner vers la maison du Père qui nous accueillera quand notre heure sera venue.
Nous te gardons dans notre prière.
L’équipe de LCE l’a entourée pour un dernier A Dieu qui a eu lieu le
Vendredi 10 mars à 14h30 Église Saint-Christophe de Javel,
28 rue de la Convention, 75015 PARIS
Si vous souhaitez vous manifester auprès de la famille de Miette, vous pouvez adresser votre courrier à
LCE 75– 23 avenue de Friedland
75008 Paris
Nous le ferons suivre.
Portons Miette dans notre prière.
Martine GODET Christine BONNEMAISON
Déléguée Déléguée suppléante
06 71 28 24 06 06 03 50 88 25
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