Nous aimons bien opposer les choses, les classer, les ranger dans des boites pour bien les distinguer et les saisir.
Mais Dieu échappe à tout cela, à toute catégorisation, à tout saisissement, à toute compréhension. Cette situation nous conduit donc à un mal-être, voire un malaise intérieur. Mais Dieu pourvoit à cette détresse.
Dans la première prière eucharistique pour la réconciliation on entend : « loin de te résigner à nos ruptures d’Alliance, tu as noué entre l’humanité et toi, par ton Fils, Jésus, notre Seigneur, un lien nouveau, si fort que rien ne pourra le défaire ». Dieu tisse un nouveau lien qu’il nous faut découvrir, redécouvrir et même ressentir au fond de nous-même. Un lien qui nous entraîne à nous laisser porter, sachant que c’est Lui, Dieu, le premier, qui nous aime et nous tend la main.

C’est ici que se situe l’importance du carême et du temps de Pâques. Ces deux temps de l’Eglise sont le pile et le face d’un même mystère. Le mystère de l’amour inconditionnel de Dieu pour nous.
Il nous invite à nous « laisser réconcilier avec lui au nom du Christ », à entrer dans le mouvement de son Amour plus grand que toutes nos fautes rassemblées : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé».
Aujourd’hui, comme l’apôtre Paul, je viens en ambassadeur du Christ, vous proposer un chemin de carême et de Pâques. Un chemin qui nous engage à ouvrir nos yeux, petit à petit, pour nous laisser envahir par la lumière du Ressuscité. Une progression où chaque jour va devenir un combat contre toutes les fausses excuses qui nous empêchent de desserrer les paupières, de nous laisser pénétrer par la Parole, Lumière de Dieu pour nos cœurs.
Je voudrais que nous puissions vivre notre temps de carême et de Pâques comme une ouverture à la puissance de la Résurrection du Christ. Un temps de croissance, d’éveil, d’illumination et non pas un temps de stagnation, d’enfermement et d’enténèbrement volontaires.

Notre point de mire c’est le Ressuscité du matin de Pâques, celui qui nous invite, au début du carême, non pas à le suivre, comme c’est traduit habituellement, mais à marcher avec Lui à ses côtés. Jésus nous le dit :
« Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. »
Nous apprendrons pendant ces 90 jours (Carême et Pâques) à connaître le Ressuscité et sa présence dans nos vies. Il vient les illuminer de l’intérieur, pour qu’elles abandonnent le péché à sa vraie place, derrière nous, loin de nous, de telle manière qu’il prenne la place qui est la sienne, dans le passé, là où il a été commis. Car Jésus nous invite, dès le jour des cendres, à lire et relire sans cesse notre quotidien sous la lumière de sa résurrection, de sa victoire contre tout mal.
Que la Lumière du Ressuscité atteigne nos yeux et notre cœur, pour qu’illuminés de la vraie Vie, nous n’ayons d’yeux que pour Celui qui fait de nous ses amis.

Père Yannick