Depuis la mi-mars nous n’avons pas pu nous voir, partager de vive voix, célébrer, déjeuner, rire ensemble, face à face. Faut-il chercher un (voire des) responsable(s) ? Covid, gouvernement, épiscopat, médecins… peu importe, là n’est pas la question, ce n’est pas là que Dieu nous attend. Des épidémies, des maux de société, des crises en tout genre sont l’apanage de notre condition humaine. La période difficile que nous traversons n’est pas la première et ne sera pas la dernière. Je ne dis pas cela de manière défaitiste et pessimiste, mais de manière réaliste, à la manière dont le Christ nous demande de voir le monde et d’y agir comme lui y a agi. Il nous faut accueillir tous ces événements dans la sérénité de la foi, cette foi que nous recommandent tous les évangiles de ces derniers dimanches.
Mais concrètement, pour nous, accueillir la réalité de ce monde (qui paraît quand même bien chamboulé) avec les yeux et le cœur du Christ cela veut dire quoi ? Cela veut dire que nous devons d’abord et en premier lieu prier pour ce monde et ses vicissitudes en le confiant à la miséricorde de Dieu. Si nous remettons très humblement devant les yeux de son cœur la misère visible et invisible qui est partout autour de nous, il ne pourra qu’être présent auprès de tous et de chacun, parce que ce désir de faire vivre l’humanité est le sien avant d’être le nôtre.
Cela veut dire aussi que nous devons dépasser toute forme d’égoïsme, de convoitise, de jalousie, de vengeance, de peur, de violence : tout ce qui nous renferme sur nous-même et obstrue le chemin de notre cœur.
Oui, mais comment ? Simplement vivre sincèrement des forces de notre baptême, unis au Christ mort et ressuscité, vainqueur de tout mal, intérieur et extérieur. Faire de notre quotidien une bataille contre le mal qui est tapi à la porte de notre cœur. Nous lisons dans le chapitre 4 de la Genèse cette parole de Dieu à Caïn, jaloux de son frère Abel : « le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer. » Et comment dominer ce mal sinon en étant toujours au service du bien, du frère, du petit ou du grand, de celui qui croise notre chemin et en nous oubliant un petit peu chaque jour.
La bataille doit s’étendre au dehors, dans la cité, dans notre quartier, notre immeuble. N’oublions pas que le seul signe de reconnaissance des chrétiens que le Christ nous a laissé c’est l’amour (effectif) que nous aurons les uns pour les autres (en ne faisant aucune exception).
En guise de conclusion je vous livre la préface numéro 6 des dimanches du temps ordinaire : « Dans cette existence de chaque jour que nous recevons de ta grâce, la vie éternelle est déjà commencée : nous avons reçu les premiers dons de l’Esprit par qui tu as ressuscité Jésus d’entre les morts, et nous vivons dans l’Espérance que s’accomplisse en nous le mystère de Pâques. »
Ces quelques lignes ne sont écrites que pour nous confirmer dans ce que nous faisons déjà et pour nous conforter dans la présence de Dieu dans nos vies. Jésus ne nous demande qu’une chose : vivre,
avec lui, l’Evangile de liberté.
Père Yannick